Faire son deuil.

Dans la vie il faut faire son deuil de plein de chose. Pas seulement face à la mort. Il faut faire son deuil de notre suce, de notre doudou, de notre premier amour de jeunesse, de notre premier auto, de la maison de nos parents, de notre premier appartement, d’une maison qu’on aimait, d’une amie qui s’éloigne et qu’on ne verra plus jamais, de nos enfants qui ne restent pas bébé ou qui quittent le nid pour faire leur vie, d’une vie de couple qui ne fonctionne plus, d’un travail qu’on aimait, d’une vie mouvementée, de notre mobilité, de notre bonne santé…

Ça fait depuis le 29 décembre que ma grand-maman est à l’hôpital. Il y a 3 ans, elle était entrée à l’hôpital pour une pneumonie et en était ressortie comme si de rien n’était. La vie avait repris son cours normal. À 84 ans, toujours dans son appartement (le même depuis 37 ans) elle s’organisait très bien et nous cuisinait toujours ses bons petits plats. On a fêté Noël cette année, un brunch chez elle comme d’habitude et elle était heureuse qu’on soit là, elle était en forme mais essoufflée.

Maintenant, elle est à l’hôpital et ne reprend pas tout à fait. Elle ne reviendra pas comme avant. Ses poumons sont malades. Des fois, les problèmes de santé ne partent plus et restent. C’est là qu’il faut prendre des décisions. Ce ne sont pas les plus faciles, mais elles restent obligatoires.

On sait tellement ce qu’elle pense des foyers de personnes âgées. Elle en parle depuis des années et elle redoute ce moment depuis toujours. C’est un deuil à faire. C’est le deuil de son autonomie et de son confort qu’elle connaît depuis 37 ans. Malgré l’entêtement, pour continuer à bien vivre (parce que la vie n’est pas terminée), il faut se résoudre à changer nos habitudes et notre environnement. Il faut comprendre que c’est pour notre bien. Facile à dire mais je crois que c’est extrêmement difficile à faire.

On a de la peine. Ses enfants, petits enfants… on a de la difficulté à accepter que les choses vont changer. On essaie de se résonner tous ensemble que c’est la meilleur chose pour elle qui peut arriver. Qu’elle devra quitter son appartement pour un endroit pour personnes semi-autonomes (ou plus autonomes du tout) avec des infirmières sur place 24 heures sur 24. Quitter le confort de son logis pour la sécurité et les services qui viennent aider la famille quotidiennement. Pour cela, il faut qu’elle prenne du mieux et qu’elle sorte enfin de l’hôpital.

Bien égoïstement, je refuse le deuil de sa présence… pas tout de suite.

«On souhaite seulement que grand-maman, tu reprennes des forces et que tu ne baisses pas les bras. On a encore besoin de toi! On veut que tu continues de nous faire tes bons petits plats, nos merveilleux bas tricotés que seul toi peux faire, tous nos fous rires qui nous restent à avoir!!! Et nos découvertes car toute ta vie tu as été à l’affût des nouveautés! On veut que tu voies tes arrières-petits enfants grandir pour qu’ils aient un réel souvenir de toi et parce que c’est ton bonheur!

S’il te plaît, reprends du mieux grand-maman et même si ton environnement change et quelques unes de tes habitudes, ta famille restera toujours là. Avec toute notre amour.»